News L'écotourisme: une niche qui reste à exploiter au Maroc

La géographie du Maroc donne à ce pays un immense potentiel pour l'écotourisme, une capacité encore largement sous-exploitée. Mais au vu de la croissance régulière de ce marché, certains se disent inquiets de l'impact des visites de sites naturels sur l'environnement.
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Source Maghribia.com
Date de publication 06/05/2007
Couverture géographique Maroc, Marrakech
Mots-clefs Ecotourisme, Nature, Biodiversité

Avec ses atouts naturels très riches, au rang desquels les monts de l'Atlas et leurs neiges éternelles, des printemps chauds, des lacs, des forêts, le désert du Sahara, et les côtes atlantiques et méditerranéennes, le Maroc devrait être une destination naturelle pour les écotouristes. Or, le potentiel écotouristique de ce pays est encore largement inexploité.

"Il existe un potentiel énorme pour l'écotourisme au Maroc", a déclaré à Magharebia Jane Bayley, directrice de Naturally Morocco, une société de voyage écotouristique galloise. "La diversité géographique est immense, avec un riche écosystème marin, et le Maroc est l'une des principales voies de migration des oiseaux", ajoute-t-elle.

Le Maroc accueille plus de 6 millions de visiteurs chaque année, mais Mme Bayley affirme que le nombre d'écotouristes est difficile à évaluer, parce que la définition de ce terme est très large. Toutefois, elle estime que l'écotourisme connaît un grand essor. Il y a environ dix ans, elle emmenait 50 touristes au Maroc chaque année; désormais, Naturally Morocco y envoie plus de 1 500 personnes par an.

Mais elle souligne que l'écotourisme reste un marché très réduit.

Selon une étude réalisée en 2003 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour le compte du gouvernement marocain, l'écotourisme reste encore à l'état embryonnaire. Cette étude montre une forte demande en faveur de l'écotourisme au Maroc de la part des Marocains et des étrangers, car le pays a beaucoup à offrir en termes de ressources naturelles. Mais cette étude fait aussi état d'un manque de coordination.

Abdelatif Abouricha, porte-parole du Comité touristique régional de Marrakech, a déclaré à Magharebia qu'en dépit de l'impressionnant potentiel naturel du Maroc, l'écotourisme reste encore sous-développé. Mais dans la mesure où les visiteurs y reviennent, il semble penser que ce secteur dispose d'un réel potentiel.

"Nos chiffres sur la région Marrakech El Haouz montrent que de nombreux touristes reviennent plusieurs fois par an pour visiter une nouvelle fois les sites qui offrent des décors naturels sublimes. Pour nous, cela constitue un réel encouragement", affirme-t-il.

M. Abouricha prédit que l'intérêt des touristes pour cette forme de tourisme écologique au Maroc servira à l'avenir de ligne directrice à l'ensemble du tourisme dans le pays.

Il est essentiel de renforcer et de coordonner les infrastructures d'accueil pour le marché de l'écotourisme, indique M. Abouricha. Il fait état de la nécessité de construire des liaisons de transport et des lieux d'accueil de touristes dans les zones rurales, dont l'absence constitue à ses yeux un obstacle sévère au développement de l'écotourisme.

Parmi les autres défis, il cite la construction de logements confortables pour les touristes, qui viennent compléter les paysages naturels et augmentent l'attrait touristique de ces zones.

M. Abouricha pense que le gouvernement marocain devrait faire plus pour promouvoir l'écotourisme auprès des visiteurs étrangers.

Le plan du gouvernement marocain "Vision 2010", qui vise à porter le nombre de touristes à 10 millions au cours des quatre prochaines années, inclue le développement de compagnies aériennes à bas prix. Cette stratégie intègre le développement du "Plan d'Azur", six lieux de vacances devant être construits sur la côte marocaine d'ici 2010.

Mme Bayley croit en l'utilisation de matériaux de construction traditionnels s'intégrant parfaitement dans l'environnement, ne portant aucune atteinte à l'environnement et offrant un environnement de séjour confortable. Toutefois, elle indique que de nombreuses constructions dans de nouvelles stations touristiques sont faites en béton, ce qui les rend plus chaudes en été et plus froides en hiver, et nécessite des ressources accrues pour assurer leur confort.

Mais dans certains endroits du Maroc, le mal est déjà fait.

M. Abouricha souligne l'importance qu'il y a à attirer l'attention sur des projets qui pèsent déjà sur l'environnement. Il cite un grand nombre de sites de camping non autorisés au mont Toubkal et dans le parc national de Sous Massa, le développement extensif de constructions dans la palmeraie de Marrakech, une source permanente utilisée pour l'écoulement des eaux usées à Ain Ben Adel, et des bâtiments peu esthétiques polluant le paysage dans la vallée de Dadès.

"Si rien n'est fait pour protéger l'environnement, l'écotourisme implosera de lui-même", avertit Abouricha.

"L'écotourisme doit être planifié avec précaution en envisageant le nombre de visiteurs qu'une région peut raisonnablement accueillir", a indiqué Eddie Bergman, directeur de l'association new-yorkaise Africa Travel, à Magharebia. Et d'ajouter: "Lors du développement d'une destination, la planification devrait toujours impliquer le gouvernement, les investisseurs, et particulièrement les communautés locales."

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