Story 2010, Année internationale de la biodiversité

2010, Année internationale de la biodiversité

L'Assemblée des Nations unies a proclamé 2010, Année internationale de la biodiversité (AIB).Collectivités locales, société civile et secteur privé sont invités à s'associer à cet événement mondial (Par Mr Rachid Tarik, LE MATIN).
Date de publication 04/01/2010
Couverture géographique Maroc
Mots-clefs Année Inetrnationale de la Biodiversité 2010, Sensibilisation
Source Mr Rachid Tarik / LE MATIN

Cet événement dont le lancement officiel est prévu le 11 janvier à Berlin sera célébré sur le thème « La biodiversité, c'est la vie ». Il a pour objectif de renforcer la prise de conscience de l'importance de la biodiversité, de promouvoir des solutions innovatrices pour réduire les menaces sur les écosystèmes et d'instaurer un dialogue post-2010. Pour s'associer à cet élan international, le Comité national de la biodiversité (CNB) s'est réuni récemment à Rabat afin de fixer un calendrier d'événements. "Un comité a été composé de départements ministériels, d'instituts de recherche et d'ONG.

Les collectivités locales, la société civile et le secteur privé sont appelés à s'associer à cette célébration", souligne une source du Centre d'échange et d'information sur la biodiversité. Pour la réussite de cet événement, la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) avance des propositions : organisation d'activités dans les musées, les jardins botaniques ou réunion d'experts et de célébrités pour débattre de la biodiversité. Selon elle, ces initiatives devraient mettre en valeur les actions réussies. «Nous avons développé un réseau national d'aires protégées, constitué de 10 parcs nationaux et d'une dizaine de réserves. Par ailleurs, nous consacrons un budget annuel de 20 millions de DH à l'aménagement et au développement du système national d'aires protégées», indique Mohammed Ribi, chef de la division des parcs et réserves naturelles au Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification (HCEFLCD).

Ces efforts sont-ils suffisants pour stopper la détérioration des écosystèmes ? Non ! Selon des estimations, dans les zones humides, plus de 30% d'habitats naturels auraient disparu ou sont dans un état très dégradé. Par ailleurs, une bonne partie des forêts aurait été détruite durant la 2e moitié du siècle dernier. Cette situation a eu pour conséquence, l'extinction d'un grand nombre d'espèces, notamment les grands mammifères : lion, panthère, guépard, addax, cerf de Berbérie, chat des sables, etc. D'autres espèces sont en voie de disparition : hyène, caracal, serval, etc. Les gazelles, elles, connaissent une situation précaire. Pour ce qui est des oiseaux, la situation n'est pas plus brillante, surtout les populations nicheuses, dont plusieurs connaissent une régression alarmante. «Les pertes subies par nos écosystèmes, accélérées certes par les sécheresses répétées, risquent de nous mener au rang des pays dont la biodiversité a été la plus appauvrie», indique Mohamed Dakki, professeur à l'Institut scientifique, Université Mohammed V-Agdal à Rabat.

Qui pourrait être à l'origine de cette situation? Le manque de gouvernance serait une des raisons pour expliquer cet état de détérioration de la biodiversité. A cet effet, il faut rappeler que le projet de loi sur les aires protégées (AP) est en discussion au Parlement. Quant au Comité national des zones humides (Ramsar) et celui de la Biodiversité, ils ne sont toujours pas institutionnalisés. Ce qui conduit l'auteur du 4e rapport national sur la biodiversité, rendu public février 2009, à dresser ce constat : «Il n'y a pas eu de mise en œuvre de la stratégie et du plan d'action nationaux en matière de conservation de la biodiversité (SPANB) même pas pour les actions prioritaires ; la question des ressources financières ne se pose pas. Cela ne veut aucunement dire qu'aucune action en matière de conservation de la biodiversité n'ait été réalisée dans le pays.» Et d'ajouter : «L'insuffisance de concertation et de coordination ou, peut-être, aussi de communication, ne permet pas une synthèse de toutes ces réalisations et un effort devrait être consenti pour disposer d'un inventaire de ces activités qui, quasiment toutes, ont été mises en œuvre dans le cadre de programmes sectoriels différents de ceux mis en place dans la SPANB».

Tourisme de vision

Pour la sauvegarde de la biodiversité, le Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification (HCEFLCD) indique «qu'en plus de la conservation d'habitats naturels de grande valeur écologique et socio-économique (écosystèmes forestiers, sahariens, zones humides, etc.) et d'espèces rares de faune et de flore (Ibis chauve, gazelles, cèdre, sapin, arganier, etc.), certains parcs nationaux comme celui de Souss-Massa et de Tazekka ont servi de stations d'acclimatation pour le développement de populations semi captives de certaines espèces de la faune sauvage du Maroc qui avaient disparu (antilope addax, antilope Oryx, gazelle dama mhorr, cerf de Berbérie et autruche à cou rouge). » Toujours selon le HCEFLCD «à partir de ces populations animales, il y a eu deux opérations de transfert d'antilopes sahélosahariennes, vers des stations d'acclimatation de la faune saharienne dans les régions de Bir Guendouz/Dakhla et de Msissi /Errachidia.

Ces deux actions ont permis l'établissement de groupes fondateurs d'antilopes addax et oryx et de gazelle dama mhorr, au niveau de l'aire historique de leur répartition, en vue de leur réintroduction dans leurs habitats naturels, le Sahara. La valorisation de ces populations animales est envisagée à travers le développement d'un tourisme de vision.»

Repères

  • L'Allemagne assure la présidence de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) depuis la 9e session de la convention, tenue à Bonn, en mai 2008.
  • La CBD s'est fixé, pour 2010, une réduction de la perte de diversité biologique. L'Union mondiale pour la nature (IUCN) a publié en juillet dernier une étude qui indique que cet objectif ne sera pas atteint.
  • La CBD se réunira en octobre 2010 à Nagoya (Japon) pour discuter d'un nouveau traité sur l'Accès aux ressources génétiques et sur le Partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA).