La forêt à l'épreuve du stress hydrique
03.10.2010 : 'impact du changement climatique se ressentira davantage sur le Royaume dont le territoire est menacé à 93% par la désertification. Selon les experts, le changement climatique au Maroc contraindra la végétation à se déplacer progressivement vers le Nord, tandis qu'en montagne, elle va monter en altitude.
Date de publication | 06/10/2010 |
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Couverture géographique | Maroc |
Mots-clefs | Forêts, changements climatiques, Stress hydriques, cèdres |
Source | Rachid Tarik | LE MATIN |
Selon ce scénario, le cèdre disparaîtra sur d'importantes surfaces de son étendue actuelle comme le prouvent les dépérissements en cours dans le Moyen-Atlas.
Cette évolution du climat aura aussi un impact significatif sur le cycle de l'eau (évaporation, pluie, infiltration dans le sol), sur la demande et la consommation en eau notamment pour l'agriculture et les forêts. Selon des études, le débit moyen des eaux superficielles et souterraines devaient baisser de 15 à 15% entre 2000 et 2020.
Pour débattre de ces menaces, le Haut Commissariat aux Eaux et aux Forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD), organise en ce mois d'octobre, la 4e édition des Assises de la recherche forestière sur le thème « Biodiversité et changement climatique ». « Pour lutter contre l'impact du réchauffement du climat, nous avons élaboré des mesures d'adaptation telles que l'introduction d'arbres à croissance rapide à l'exemple de l'acacia dans le Sud du pays, qui est l'espèce d'avenir, car il est mieux adapté au milieu désertique. Nous avons travaillé également à la sauvegarde de l'arganier, dernier rempart contre la désertification et qui résiste à 50 °C tout en économisant de l'eau. Pour empêcher ses racines d'aller chercher de l'eau dans les profondeurs, cet arbre rejette ses feuilles et dès qu'il pleut son feuillage renaît rapidement », a indiqué Mohamed Benzyane, directeur du Centre de recherche forestière (CRF) à Rabat.
La politique forestière nationale tient compte également de l'impact social grâce notamment à la sauvegarde du tuya dans la région d'Essaouira et l'Oriental. L'utilisation de cette espèce dans l'artisanat fait vivre des milliers de familles. Doté de ces expériences, le HCEFLD dit vouloir partager cet acquis avec les pays amis. «Aujourd'hui, nous avons une expertise en matière de gestion de la forêt telles que notamment la création de coopératives d'arganeraie féminines ou le versement annuel aux villageois de 250 DH par hectare pour compenser la perte du droit d'usage de la forêt. Nous souhaitons exporter ces expériences à l'international», a ajouté M. Benzyane.
Pour assister la recherche forestière dans un contexte de changement climatique, le HCEFLD indique avoir a lancé « une stratégie nationale basée sur deux approches. La première méthode est basée sur les écosystèmes (arganeraie, subéraie, cédraie, etc.) et la seconde par discipline (désertification, génétique forestière, biodiversité, etc.). »
Cette planification a débouché sur l'élaboration d'un plan décennal (2005-2014) avec une vision autour de laquelle tous les intervenants travaillent en partenariat et dans un cadre contractuel. Selon, le HCEFLD, «les axes prioritaires de cette stratégie consistent à la mise en place d'espèces capables de s'adapter au changement du climat. Autres réalisations, la création de réserves d'écosystèmes de première importance (conservatoires, arboreta, parcelles expérimentales, etc.) et la création d'un système de veille (réseaux d'observatoires) pour évaluer en temps réel, la régression de la biodiversité floristique et faunistique. »
Pour accompagner le CRF dans la planification et la mise en œuvre de ses programmes, deux comités ont été mis en place en 2005 toujours selon le HCEFLD. Un comité d'orientation et de coordination de la recherche forestière, auquel participent les universités, les instituts de recherche, les organisations non gouvernementales (ONG) et les professionnels et qui définit les priorités nationales. Un comité scientifique et technique de la recherche forestière, ouvert aux scientifiques spécialistes dans le domaine et chargé de l'évaluation et de la validation des résultats obtenus.
Malgré toutes ces réalisations, il faut signaler que le dernier inventaire national forestier a été réalisé en 1994, alors que les standards internationaux d'actualisation des données conseillent de le renouveler tous les dix ans. Tandis que le 4e Rapport national sur la biodiversité indique, lui, en 2009 que la stratégie nationale de biodiversité n'a été pas appliquée sur le terrain, à l'exception des aires protégées où des actions ont été réalisées.
Sélection des variétés
Dans le but d'augmenter le rendement des plantations dans l'ensemble des périmètres de reboisements, de faire face aux besoins accrus de la consommation et de sélectionner des variétés adaptées au changement climatique, plusieurs actions de recherche ont été menées. Parmi elles, la mise en place de conservatoires d'essences forestières (chaîne liège, pin, cèdre, caroubier) afin qu'un pool génique soit disponible pour les programmes d'amélioration et de conservation des ressources génétiques. Autre initiative, la création d'une banque de gènes pour le caroubier.