Montagnes de l'Atlas, Espace et Société : Quel avenir pour les montagnes de l'Atlas ?
Un regard restrospectif pour comprendre le passé et le présent d'une zone riche en mémoires. Les Montagnes de l'Atlas abritent les richesses naturelles du Maroc : Forêts, sources d'eau, faune et flore qui en font un pôle touristique incontournable, notamment pour les randonnées et la pêche.
Date de publication | 15/04/2010 |
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Couverture géographique | Maroc |
Mots-clefs | Montagne, Atlas, Mémoires, Ressources Naturelles |
Source | Par Rachida Bami / LE MATIN |
Mais elles abritent également les populations les plus pauvres et les plus isolées du pays, pour qui chaque journée qui s'écoule est une véritable lutte pour la survie. L'état des lieux et l'avenir de la vie dans ces montagnes de l'Atlas ainsi que les enjeux de développement durable, ont été largement débattu par de nombreux universitaires et experts lors d'une conférence organisée les 8 et 9 avril sous le thème « Les Montagnes de l'Atlas : Espace et Société », par la School of Humanities and Social Sciences de l'Université Al Akhawayn en partenariat avec l'Institut Royal de la Culture Amazighe. Les thématiques présentées, comme la gestion paysanne des ressources naturelles dans le Moyen Atlas, l'avenir du tourisme de montagne, la sédentarisation et biodiversité, les orientations stratégiques des aménagements des forêts du Moyen Atlas et le dépérissement des forêts notamment la cédraie du Moyen Atlas, ont démontré combien la vie pour les montagnards sera plus dure à l'avenir avec le changement climatique qui menace de bouleverser les environnements montagneux.
Mais aussi en l'absence d'une stratégie spécifique pour le développement humain dans les montagnes et la préservation de la biodiversité. Le développement que connaissent ces régions depuis quelques années s'avère selon Michael Peyron, spécialiste de la culture berbère et écrivain sur le tourisme au Maroc, une arme à double tranchant. Dans sa présentation, « L'Atlas marocain : un regard rétrospectif (1964-2010) », il indique que promouvoir le mieux-être chez des populations des montagnes longtemps marginalisées, personne n'en contestera l'utilité. Le faire sans que les forces du « progrès » n'accusent une accélération destructrice, voilà un pari difficile à tenir. « Promouvoir l'éco-tourisme, perçu comme panacée universelle, voilà une bien louable entreprise! Précisément, à condition de ne pas détruire les écosystèmes qui constituent l'attrait principal de ces contrées. Or, on ne sait que trop bien les atteintes parfois irréversibles que subissent depuis des années la nature atlasienne, qu'il s'agisse des juniperaies, de certaines chênaies, et, surtout, de la cédraie », précise t-il.
Dans sa présentation, Michael Peyron indique aussi que ces régions attirent un tourisme de montagne de plus en plus en vogue, obnubilé qu'il est par une recherche « à la J-J. Rousseau » de populations intactes, aux coutumes « exotiques », et au bâti traditionnel pittoresque et photographique. « Tourisme avantage quelques habitants relativement privilégiés (gîteurs et accompagnateurs) tout en créant des emplois subalternes (porteurs, muletiers, cuistots, etc.) », explique t-il. Processus, qui selon lui, va modifier profondément ces sociétés au point de leur faire perdre ce qui les rendaient attractives aux yeux des visiteurs. Autrement dit, une stratégie de développement intégrée aussi bien des montagnes que des populations qui y habitent, s'impose d'urgence pour sauvegarder la richesse naturelle et culturelle des montagnes de l'Atlas.
Michael Peyron honoré pour ses contributions à la culture amazighe
La School of Humanities and Social Sciences de l'Université Al Akhawayn a honoré lors de cette conférence l'ancien professeur de l'université, Dr Michael Peyron. Né en 1935 au Royaume-Uni, Dr Peyron est un spécialiste de la culture berbère.
Il est également bien connu comme écrivain sur le tourisme au Maroc. Après une thèse de doctorat sur les Amazighs dans les montagnes du Haut Atlas du Maroc, Dr Peyron a enseigné à la Faculté des Lettres de l'Université Mohammed V à Rabat et à l'Université de Grenoble.
Il a été conférencier à l'Ecole Roi Fahd de Traduction à Tanger avant d'intégrer le corps professoral de l'Université Al Akhawayn (1997-2009).