Services environnementaux : La biodiversité rémunérée
Les conclusions de l'Evaluation des écosystèmes pour le Millénaire (EM), ont révélé que la majorité des écosystèmes de la planète connaît une gestion non durable. Pour remédier à cette situation, des scientifiques ont proposé le Paiement des services environnementaux (PSE).
Date de publication | 07/09/2010 |
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Couverture géographique | Maroc |
Mots-clefs | Biodiversité, Ecosystème, evaluation, Servives |
Source | Rachid Tarik / LE MATIN |
Cet instrument se veut un outil de compensation à travers lequel les bénéficiaires des services rendus par la nature reconnaissent la valeur de ces services et compensent ceux qui les conservent. «Pour enrichir le débat sur les services rendus par les écosystèmes, nous envisageons d'organiser dans les prochains mois des rencontres régionales», a souligné Ludwig Liagre, conseiller technique de la Coopération technique allemande (GTZ) au Maroc. Ces rencontres devraient s'inscrire dans le cadre de la promotion de ce concept innovant pour la conservation de la biodiversité et qui font suite au débat lancé lors de l'atelier organisé en mai dernier à Rabat par le Fonds mondial pour la nature (WWF) pour la présentation des études et la mise en place des schémas de paiement pour les PSE dans les lacs du Moyen-Atlas et notamment dans le bassin de Sebou.
S'étendant sur plus de 40.000 km2, le bassin hydraulique de Sebou est le plus important du Maroc. Il fournit 30% des ressources en eaux de surface et 20% des ressources en eaux souterraines du pays. Les eaux de ce fleuve et de ses affluents sont nécessaires à la vie et aux activités de plus de 6 millions de Marocains. Représentant un enjeu crucial pour l'avenir de l'eau du pays, ce bassin est actuellement menacé notamment par la pollution, la surexploitation des ressources et la déforestation. A ce rythme, ce bassin risque bientôt de ne plus être en mesure de répondre aux besoins de la nature et des communautés. « Pour faire face à ces menaces, il est urgent de mettre en place un système efficace pour gérer les services rendus par les écosystèmes d'eau douce dans le bassin du Sebou », a indiqué Francesca Antonelli, responsable du programme Eaux douces du WWF Méditerranée. Au Maroc, il existe déjà des expériences de paiement des services pour la conservation de la forêt afin de lutter contre le surpâturage.
Il s'agit d'un programme de compensation des mises en défenses forestières, initié par le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification (HCEFLD), et qui accorde une rémunération aux éleveurs de 250 DH par hectare et par an pour toutes les essences, sauf pour l'arganeraie pour laquelle la rémunération atteint 350 DH en échange de leur engagement à respecter la mise en défense de l'espace à régénérer. Toutefois, on peut se demander, si ce système de compensation prend en compte l'ensemble des services environnementaux forestiers à savoir : séquestration de carbone, protection des ressources en eau, conservation de la biodiversité et beauté des paysages.
Aujourd'hui, le PSE connaît un grand succès. En France, deux grandes sociétés mondiales d'embouteillage d'eau minérale ont adhéré à ce système par la rémunération des agriculteurs ayant adopté des pratiques de culture durable non polluantes. Au Costa Rica, des milliers de propriétaires de terres et des centaines de communautés rurales au Mexique bénéficient des PSA en échange de leur contribution à la protection de la forêt. Dans ces pays de l'Amérique latine, le PSE est assuré entre autres par les taxes sur le pétrole, le budget public et par des financements internationaux. Pour ce qui est de l'Afrique, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a annoncé jeudi 2 septembre dernier qu'un cinquième des espèces africaines d'eau douce –poissons, mollusques et plantes- est menacé d'extinction.
Zones humides
Le bassin de Sebou est particulièrement important sur le plan écologique. On y trouve environ 40 zones humides, dont cinq sont sites Ramsar (traité intergouvernementale pour la conservation des zones humides). Ce bassin comprend également 17 sites d'intérêts biologiques et écologiques (SIBE) deux parcs nationaux, des forêts autochtones comme les subéraies et les cédraies et des habitas idéaux pour la production des oiseaux rares. Ce bassin qui accueille des écosystèmes uniques et offre de véritables opportunités de développement économiques est menacé notamment par la forte consommation d'eau, la forte densité urbaine et les rejets domestiques, agricoles et industriels. Les services que peuvent rendre les écosystèmes du Sebou sont : recharge de la nappe phréatique, régulation naturelle des inondations, séquestration du carbone, activités touristiques, plantes aromatiques et médicinales, préservation de la biodiversité, etc.