Parc National de Dakhla

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Département des Eaux et Forêts
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Le Parc National de Dakhla (PNDKL) occupe une large superficie de la province de Oued Eddahab, province située aux confins sahariens du Maroc atlantique. Ce désert se caractérise principalement par deux grandes unités physiographiques justement couvertes par le Parc National: une bande littorale soumise continuellement à l'influence océanique et un immense reg intérieur parsemé de butes gréseuses, au relief souvent allongé.

Le climat régional est des plus aride avec une dominante océanique qui en atténue les extrêmes. La pluie n'y est pas régulière, et si peu abondante que la vie biologique ne peut réellement en dépendre. L'importance de l'alizé maritime boréal est le facteur le plus déterminant qui induira les caractéristiques si particulières de ce désert côtier "froid". Températures modérées, humidité relative élevée, forte nébulosité et fréquence des vents façonnent les milieux et les biocoenoses locales. Il faut s'enfoncer loin dans les terres pour retrouver le grand climat saharien avec ses terribles écarts thermiques et ses écrasantes chaleurs estivales (notamment sur le plateau du Tiris, un peu au nord-est de l'Adrar Souttouf, où l'on peut passer de 65° à - de 0° en quelques heures !)

L'oscillation des masses d'air continentale et maritime qui s'opposent à cette latitude n'est guère favorable depuis quelques décennies à une pluviosité, déjà naturellement rare. Sa diminution progressive a aboutit à la persistance d'un cycle de sécheresse qui a conditionné une désertification réelle et préoccupante. L'assèchement de ces territoires depuis trente ans, n'est pas une hérésie, bien que nous soyons en régime désertique, la sécheresse n'est pas un corollaire automatique. Le gradient ouest-est qui voit diminuer les influences modératrices de l'océan, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans les terres, témoigne parfaitement de l'influence de cet assèchement, aisément perceptible sur les strates arborées et arbustives des steppes arides de la région.

Le PNDKL est divisé en deux grands territoires géographiquement distincts qui recouvrent donc les deux grandes unités physiographiques de la région déjà évoquées. Le secteur littoral qui couvrira à la fois le domaine maritime et terrestre, s'étend sur une zone côtière très particulière, dénommée Aguerguer. Délimitée sur sa façade atlantique par de hautes falaises battues par les vagues, cette zone est constituée d'un chapelet de petits reliefs ruiniformes, buttes gréseuses qui soumises aux caprices des vents très fréquents et puissants, ont dégagé des reliefs étranges, fortement découpés et qui constituent une originalité majeure. Ces grès karstifiés, ces surfaces rocailleuses fortement érodées ne facilitent pas la pénétration de ce secteur, dont la partie septentrionale fut autrefois le règne d'une importante population de gazelles dorcas dont il reste aujourd'hui quelques témoins.

Dans les limites continentales du secteur (région de Safia) se rencontre les grandes dunes de sable éolien posées sur le reg, isolées et concaves, dénommées "barkane". Leur particularité est d'être mobile, et chantante sous certaines conditions climatiques, la courbure interne étant de nature parabolique, elle amplifie aisément le léger son dégagé par le frottement des grains de silice qui descendent le long de la pente. Ces massifs dunaires parfois de grande taille offrent un spectacle assez surnaturel au milieu de l'extrême platitude du reg caillouteux sur lequel ils semblent reposer.

L'influence de l'océan, dont on sent la puissance proche, une certaine nébulosité ambiante, des reliefs insolites et variés, cette humidité salée qui certain jour colle à la peau, confèrent à cette région un cachet très original, largement rehaussé par la présence d'une faune terrestre résiduelle non négligeable avec la gazelle dorcas, et surtout d'une faune marine des plus exceptionnelle avec le phoque moine aisément observable du haut des falaises.

L'océan est ici partagé entre les eaux canariennes, et l'existence d'une grande masse d'eau très particulière, froide et très fertile, dont l'origine est due à la permanence d'un upwelling qui s'étend de la hauteur de Dakhla à celle du Cap vert. Ces remontées d'eaux froides et profondes, associées au courant des Canaries, jouent un rôle majeur dans le maintien d'un climat local frais, et d'une très forte productivité halieutique de la zone.

Le secteur proprement terrestre du PNDKL occupe principalement la grande région de l'Adrar Souttouf. Un immense reg aux inévitables ensablements, de grandes collines à la teinte très foncée se découpant sur l'horizon, quelques lits d'oued asséchés parsemés d'acacia et de caparis, voilà l'essentiel de ce territoire, jadis si riche en grande faune saharienne, addax, oryx, mouflon, gazelle diverses et autruche, aujourd'hui quasiment toute disparue. Néanmoins il existe encore des poches de survie, où tant bien que mal se maintien un embryon de peuplement où l'on peut encore trouver le mouflon à manchette ou la gazelle dorcas. Si la végétation ligneuse a beaucoup souffert des années de sécheresse, il suffit d'un peu d'humidité pluviale, pour que se manifeste une flore annuelle très nombreuse et diversifiée. Les sols sont par endroit réels avec amorce d'une pédogenèse qui contraste avec ces grandes étendues gravillonaires ou sablonneuses.

Tout ceci laisse penser que le potentiel écologique local est encore très bon, et peut offrir les dispositions naturelles nécessaires à une reconstitution des écosystèmes avec leurs cortèges floristique et faunistique.

Ce désert là est un désert aux vastes horizons bien dégagés, où le regard s'accroche régulièrement aux alignements plus ou moins épars des reliefs, ou bien à la fragile silhouette de l'acacia, un peu perdu au milieu de grand reg caillouteux. Ce désert d'"Adrar" peu élevé, offre une plastique toute particulière liée au contraste des teintes intensément claires des surfaces éoliennes et profondément sombres des morphologies tabulaires.

Des hommes de tous temps ont parcouru ces immensités, nomades principalement, guerriers rezzou autrefois, militaires récemment, et chasseurs de gazelles toujours mais en quantités très modérées, au gré des opportunités et surtout des pâturages.