Flore terrestre
L'effectif global de la flore nationale (excepté les algues unicellulaires et les champignons inférieurs), est d’environ 7000 espèces chiffre certainement inférieur à la réalité. L’inventaire est relativement bien établi seulement pour les Ptéridophytes et les Phanérogames, quoique, même pour ces groupes, d’autres aspects (répartition géographique, écologie, biologie des espèces, ...) soient encore loin d’être suffisamment connus.
En plus de sa diversité, une caractéristique remarquable de notre flore est son taux d’endémisme exceptionnellement élevé : on estime à 930 (soit environ 25% !) le nombre de taxa endémiques parmi les plantes vasculaires; les principaux foyers d'endémisme étant les hauts sommets montagneux.
Cette caractéristique se retrouve d’ailleurs encore à l’échelle de l’ensemble du Bassin Méditerranéen qui est aussi un lieu de fort endémisme, localisé notamment en altitude, tout à fait comparable à celui qui caractérise les hautes montagnes équatoriales.
Cependant, malgré ses grands avantages, le monde méditerranéen (s.l.) ne se voit pas toujours attribué la place qui lui revient, les messages véhiculés par les médias étant surtout centrés sur les flores tropicales, particulièrement celles des forêts tropicales humides.
Les principales composantes de la flore terrestre nationale sont :
Les Champignons
On a l’habitude de diviser les champignons en deux grands groupes: les champignons inférieurs (ou microscopiques) et les champignons supérieurs (macromycètes). Le premier groupe fait l’intérêt de plusieurs disciplines, notamment la microbiologie, la pédologie et les biotechnologies plutôt que de la floristique. En revanche, le 2ème groupe reste très attaché à cette matière. Le catalogue de Malençon & Bertault reste le principal document pour la connaissance de l’inventaire national des champignons supérieurs malgré que, de l’avis même de ses auteurs, la liste compilée est loin d’être complète et les renseignements fournis sur les taxa cités restent fragmentaires. Dans la vie quotidienne, les champignons supérieurs ne sont utilisés que par une faible minorité de la population, dans la cuisine, ou pour certaines préparations médicinales.
Pour les champignons inférieurs, seules les contributions de Werner permettent de fournir quelques renseignements. La liste globale assemblée pour ce rapport contient plus de 820 espèces réparties sur 18 familles.
Les Lichens
Ce groupe renferme 760 espèces connues au Maroc, dont l’inventaire est presque exclusivement l’oeuvre de Werner dans les premières décennies de ce siècle. La liste compilée doit donc être complétée et actualisée, travail qui semble malheureusement aléatoire dans avenir proche par manque de lichénologues nationaux pour s’en occuper.
Les Mousses
Contrairement aux groupes précédents, les mousses sont beaucoup plus remarquables dans les paysages végétaux, leurs tapis verts herbacés qui couvrent les surfaces humides (rochers, sols, murs, troncs,...) ne pouvant passer inaperçus.
Cependant, même ces espèces demeurent très peu étudiées au Maroc. La liste globale qui contient 350 espèces dont une dizaine d’endémiques est également très ancienne puisqu’elle remonte aux années 1930.
Les Plantes Vasculaires (Fougères et Phanérogames)
La flore vasculaire du Maroc est relativement bien étudiée par rapport aux autres groupes, mais reste néanmoins peu connue par comparaison avec d'autres pays voisins. Au niveau inventaire, on peut considérer que la quasi-totalité des espèces présentes sur notre territoire sont déjà répertoriées, mais l’information est dispersée sur des centaines de publications à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Le manque d’ouvrages de synthèses (Flores et Catalogues) fait cruellement défaut dans nos bibliothèques et porte préjudice au progrès des recherches, sans parler du handicap qu’une telle situation représente pour tous ceux qui s’intéressent à la flore marocaine : enseignants, étudiants, forestiers, agronomes , pharmaciens, etc.
Le nombre total de plantes vasculaires est estimé plus de 4500 espèces réparties sur 930 genres et 130 familles. Les familles les plus riches, comptant plus de 100 espèces sont au nombre de neuf seulement, et regroupent ensemble plus de 2200 espèces, soit près de la moitié de la richesse spécifique totale du pays.
Au contraire, les familles les plus pauvres (moins de cinq espèces chacune) sont nombreuses, de l’ordre de soixante, dont près de la moitié représentées par une seule espèce: e.g. Sapotaceae, Droseraceae, Coriariaceae, Berberidaceae, Menispermaceae, Adoxaceae,... Concernant les genres, Silene occupe la première place avec 69 espèces. Centaurea, Teucrium, Ononis, Euphorbia, Astragalus, Trifolium et Linaria ont chacun entre 40 et 50 espèces. Viennent ensuite Orobanche, Juncus, Helianthemum, Erodium, Ranunculus, Lotus, Vicia et Carex, qui comptent chacun entre 30 et 35 espèces (à noter cependant que certains chiffres avancés dans ce travail sont bien inférieurs aux estimations actuelles).
L’analyse biogéographique sommaire de la flore marocaine montre que cette dernière est de souche autochtone, essentiellement méditerranéenne ou mésogéenne, enrichie d’apports de plus ou moins grande importance, venant du nord (éléments holarctiques), du sud (éléments tropicaux ou sahariens), de l'est (éléments irano-touraniens) ou de l’ouest (éléments macaronésiens).
Plantes rares ou menacées
L'état actuel des connaissances nous permet d'inscrire 1641 taxa (espèces ou sous-espèces) sur la liste des plantes vasculaires rares ou menacées au Maroc, dont plus des deux tiers très rares. Cette liste doit être constamment révisée au fur et à mesure de l'apport d'informations chorologiques nouvelles afin de la mettre à jour et d'y apporter les précisions nécessaires, aussi bien pour sa composition que pour le statut des taxa.
La répartition des taxa rares entre les différentes divisions géographiques du Maroc montrent que les plus grands effectifs se rencontrent dans le Rif, le Haut Atlas, le Moyen Atlas et les plaines et plateaux atlantiques du Maroc septentrional. Des études plus détaillées devraient permettre d'identifier les foyers les plus riches en taxa rares dans ces régions, ainsi que pour les autres sur l'ensemble du pays.
Sur le plan taxonomique, 2/3 de la flore rare ou menacée du Ma roc appartiennent à 8 familles seulement; le tiers restant est réparti sur plus de 100 familles. Les Asteraceae (Composées) viennent en tête avec 288 taxa, suivies par les Fabaceae (Leguminosae), les Poaceae (Graminées), les Lamiaceae (Labiées), les Caryophyl-laceae, les Brassicaceae (Crucifères), les Scrophula-riaceae et les Apiaceae (Ombellifères).
Flore endémique
On prend en considération, à côté des espèces endémiques du Maroc seul, celles endémiques à la fois du Maroc et d’un des pays voisins :
- E : taxa endémiques du Maroc
- I : taxa endémiques du Maroc et de la Péninsule Ibérique
- A : taxa endémiques du Maroc et de l’Algérie
- M : taxa endémiques du Maroc et de la Mauritanie
- C : taxa endémiques du Maroc et des Iles Canaries.
Le nombre total d'endémiques (s.l.) s'élève à 1350 taxa (espèces ou sous-espèces), dont presque les deux tiers spécifiques au Maroc. Les lots d'endémiques partagés avec l'Algérie (A) ou avec la Péninsule Ibérique (I) sont relativement importants. En revanche, les espèces partagées avec la Mauritanie (M) ou avec les Iles Canaries (C) sont très peu nombreuses.
La répartition de cette flore endémique du Maroc met en lumière la valeur biogéographique très élevée du Haut Atlas, constatation conforme aux idées anciennes et admises par tous les spécialistes. Ceci est lié au rôle très important joué pendant le quaternaire (périodes des glaciations) par les hautes altitudes nordafricaines comme refuge aux taxa holarctiques. Les autres chaines montagneuses montrent également une importance remarquable (Fig. 10). Par ailleurs, il convient de souligner que toutes les divisions géographiques du pays montrent, à des degrés divers, la présence de taxa endémiques.
Sur le plan taxonomique, environ les 3/4 de la flore endémique marocaine appartiennent à 8 familles seulement : Asteraceae, Fabaceae, Lamiaceae, Cruciferae, Caryophyllaceae, Poaceae, Apiaceae et Scrophulariaceae. Ces familles regroupent 579 taxa, soit environ les 3/4 du total. Le quart restant se répartit sur plus de 100 familles. Les Asteraceae apparaissent là aussi comme étant les plus représentées occupant la première place loin devant toutes les autres familles.
Flore à la fois rare et endémique
Cette fraction de notre patrimoine végétal concerne 475 taxa. Ces espèces sont d’une importance qui dépasse le cadre national et il est donc urgent de tout mettre en œuvre pour réduire ou éliminer les menaces qui pèsent sur elles et qui résultent de l'état de dégradation générale que connaissent nos écosystèmes presque partout au Maroc. Les régions montagneuses, qui malheureusement sont très touchées par ce fléau, en abritent un très grand nombre.